Toponymie

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Saint-Rivoal

Toponymie

On peut proposer de classer les noms de lieux de Saint-Rivoal suivant :

  • une référence à la végétation : gwez, koad, lann, gwaremm, bod (pas sûr, peut être classé à part)
  • l'utilisation du préfixe "kêr"
  • l'utilisation du préfixe "bod"
  • l'utilisation d'une précision de forme ou de localisation : korn, lost, penn, stumm, gorre, gorret
  • la référence à un élément géographique naturel : gwazh, lein, maen, menez (men'), roc'h, roz, tuchenn, run
  • la référence à une construction humaine : chapel, lenn, mill, meilh, park, pont, stank, ti, stuz, steud

Ce site est un wiki. Il est donc évolutif. Vous pouvez y participer. Voir la page "[[1]]". Si vous ne souhaitez pas intervenir directement, faites vos propositions à l'adresse indiquée.

Les graphies de noms de villages apparaissant en titres sont celles de la carte IGN car elles correspondent aux habitudes actuelles de recherche. Elles n'ont pas une valeur définitive : elles peuvent évoluer dans le temps suivant l'usage, le cadastre étant normalement la référence. Les différentes écritures utilisées dans le passé donnent souvent des indices intéressants pour comprendre le nom du lieu.

Voir la carte OpenStreetMap.org [2] avec les toponymes en usage actuellement (2023), suivant les choix de la municipalité, décisionnaire en la matière.

Les propositions d'écriture en breton standard (Celui actuellement utilisé par la majorité des éditions en langue bretonne, exemple TES[3]) ne sont pas à prendre au pied de la lettre. Elles résultent d'un compromis entre les graphies utilisées à travers les siècles, le sens probable du nom, la prononciation par les bretonnants du lieu, le poids des habitudes plus ou moins influencées par les cartes, les panneaux routiers...L'intention est de soumettre à la réflexion la version la plus probable dans le moment. Elles ne seraient sans doute pas toutes utilisables en l'état, sur des panneaux par exemple. En même temps, pour éviter une dérive vers un nom qui perdrait complètement le lien avec les origines, il nous semble important d'exposer une graphie proche du sens, dans la mesure où on peut l'approcher.

Nous ajoutons, à destination des personnes qui ne sont pas habitués à la prononciation de la langue bretonne, des "images de l'oral" ou "écriture mimétique" du français, en fait assez proche de celle qui a été utilisé par le cadastre, quand le breton écrit n'avait quasiment aucune existence officielle.

Voir les toponymes en breton sur une carte OpenStreetMap.bzh : [4] -->Zoomer sur Sant-Riwal

Voir et écouter les propositions des élèves de l'école publique bilingue en 2008. Il est possible d'écouter des habitants parler de leurs villages [=hameau, quartier].[5] Ces récits sont proposés à titre documentaire car les connaissances en ce domaine ont évolué depuis 2008 (en particulier par un accès plus facile aux anciens cadastres).

Le Bourg

Bourg de Saint-Rivoal, vue Ouest, la nouvelle salle avec son bardage bois par Hervé Quéré licence CC BY SA


Saint Rivoal a donné son nom à la paroisse et à la commune ; c'est un saint peu connu qui est également honoré à Bégard (22 ) et à Plougastel Daoulas (29).

  • En 1540, Saint-Rivoal est un simple village avec une chapelle et un champ de foire. Les terres appartiennent à l'abbaye du Rellec en Plounéour-Menez.
  • En 1837, lorsque Saint Rivoal, alors simple trêve de Brasparts devient paroisse indépendante, l'église menaçait de tomber en ruines. Elle est reconstruite en 1842, grâce à une souscription des paroissiens. Un calvaire (1525) se dresse dans l'enclos du cimetière.
  • Jean Le Crann, évoquant Saint-Rivoal au début du 20e siècle, écrivait : Bien situé, au centre de la paroisse et au cœur de la vallée, sur un coteau, il domine le Rivoal et la rivière de Gwarimi. Les maisons se tassent en demi-cercle autour de l'église et du cimetière. L'enchevêtrement des habitations, des granges, des crèches est indescriptible. Les bâtiments bas, serrés les uns contre les autres… n'ouvrent leur réseau que pour libérer deux espaces : la grande place et la petite... Le bourg, comme tout chef-lieu paroissial qui se respecte, était d'assez loin la plus grosse agglomération de la paroisse. En hiver, 38 feux de motte et de tourbe y brûlaient, autour desquels se chauffaient 141 personnes, hommes, femmes et enfants, la face rougie par les flammes, le dos glacé par le vent qui pénétrait sous la porte mal ajustée, et la gorge irritée par la fumée âcre que dégageait le noir combustible de "Poullou Dueg" (tourbière de la rivière de Gwarimi).
  • Ce qui frappe le visiteur aujourd'hui c'est l'harmonie architecturale du bourg et son ouverture vers le sud. Le site de l'Écomusée élargi à la maison "Bothorel", les nouveaux quartiers "Park an Tiez Nevez" et éco-lotissement "Park al Lanneguer", le bar-restaurant, le nouveau bâtiment communal avec sa bibliothèque, l'école, l'épicerie paysanne donnent une image riante et dynamique du bourg. Un sentier de visite du petit patrimoine [6] a été établi.
vue Sud par Hervé Quéré licence CC BY SA

Proposition d'écriture en breton standard : Ar Vourc'h


Penn ar Guer, Lann ar Marrou

Pennager,vue Ouest, par Hervé Quéré licence CC BY SA
  • Penn ar Guer
1496 1535 1555 1630 1631 1641 1653 1682 1704
Penankaer Penk(a)er Penanker Penguer Penanguer Penanquer Penarguer Penanquer Saint Rioual Penna(n)guer

"Le bout du village", Penn ar Gêr domine le confluent du Rivoal et de la rivière de Bodingar. Sur le cadastre de 1813, on trouve : Penn ar Gêr Izella et Penn ar Gêr Huella. Plus avant dans l'histoire on trouve Penankaer (1496), Penanguer (1631). Au début du siècle, une carrière de granit, dans le champ appelé "Park Penn an Hent Kamm", en bordure du chemin de "Meilh Pont Glas" fournissait des pierres pour la construction des fours à pain locaux. Pendant l'occupation, en 1943 et 1944, l'école du bourg ayant été réquisitionnée par l'armée allemande, c'est une grange à Penn-ar-Gêr qui servit d'école communale. Les "grands" venaient en classe le matin et les petits l'après midi.

Pennager, vue Sud, par Hervé Quéré licence CC BY SA

Proposition d'écriture en breton standard : Penn ar Gêr,

son [7]

Écriture comme image de l'oral : Pénaguer

  • Lann ar Marrou
1496 1582 1630 1653 1675 1704
Lan ar Marrou Lanamarou Lanamarrou Lanarmarou Lannamarou Lanmarrou

“La lande des marres", "lande défrichée à la marre”. Lann ar Marrrou en 1496, Lanamarrou en 1630. La marre est une houe qu'on utilisait pour extraire les mottes. Toute la butte de Lann ar Marroù ( Tuchenn Lann ar Marroù ) est couverte de ces landes qui se déroulent jusqu'aux Reier Leon et au Roc'h Karn-an-hôd =Amas de rochers dans le bois (Landes en grande partie défrichées pour créer des pâtures à moutons). [8] En bordure de l'ancienne route joignant Saint-Cadou à Saint-Rivoal, un peu à l'écart du village, se trouve Toull-ar-Bleiz, une ancienne fosse à loups. C'est là, selon la légende, qu'un sonneur de Brasparts nommé Dannig Kozh a dû affronter un loup au retour d'un mariage et l'a finalement vaincu grâce au son de sa bombarde.

Hervé Quéré cc by sa 11/11/2021 Les maisons de Lann ar marroù vues de la route

Sources : Jean Le Crann : “Une société rurale dans la Montagne d'Arrée” 1970 | Leur ar C'horneg N°6 | Albert Deshayes : DICTIONNAIRE TOPOGRAPHIQUE DU FINISTÈRE

Proposition d'écriture en breton standard : Lann ar Marroù, Lannamarroù,

son [9]

Écriture comme image de l'oral : Lannamarou


Kernévez, Linguez, Roquinarc'h

côteaux de Gernevez, Rokinac'h, Kerheol, Hervé Quéré licence CC BY SA

Ces trois villages font partie du Gorre (parfois gorred =le dessus, le haut). Le Gorre est "l'étendue comprise entre le Rivoal qui, dans son cours supérieur, prend l'appellation de Stêr Boudenna (rivière de Bodenna) et son premier affluent, la Stêr Gwarimi qui vient y confluer au-dessus du bourg de Saint-Rivoal”. Le Gorre s'oppose au Goueled ( prononcé “goel” parfois, voir Média:Breton-orthographies-p613-color.png ), la partie “basse” de la commune. La compréhension des noms de lieux est parfois difficile car on part d'un nom en breton transcrit avec la graphie française de l'époque où les documents ont été établis. En fait, ce qui était important pour celui qui écrivait le nom était de transcrire ce qu'il entendait et que la relecture orale, par le notaire par exemple, soit comprise par les habitants.

  • Kernévez (Gernevez) :
1512 1601 1609 1631 1757
Kernevez Kaernevez Villeneuffve Guernevez Villeneuve

On trouve la traduction française "Villeneuve" dans les textes anciens et la carte de Cassini. C'est un nom de lieu très répandu. Cadastre de 1813 : Ķnevez

La croix de Kernevez est en granite ; c'est une croix à branches rondes ornée d'un Christ en croix. Elle a sans doute été érigée au Moyen-Age sur une stèle beaucoup plus ancienne. Cette croix a probablement été cassée puis remontée. Les parties sculptées se comparent à celle du Quinquis à Brasparts. Elle était un "marqueur" du parcours du Tro-Breizh, au bord du chemin dit "de Brasparts à Saint-Pol-de-Léon". [10] Cette croix vient d'être remontée à nouveau (en mai 2012) après avoir été renversée lors de travaux d'élaguage. Voir l'article paru dans le bulletin municipal n°8 : Media:Croix de Guernevez.jpg.

Une vue ancienne conservée aux archives départementales : Media:Kroaz-gernevez.jpg

Proposition d'écriture en breton standard : Kernevez ou Ar Gernevez, Écriture comme image de l'oral : kernévé


  • Linguez
1601 1601 1674 1682 1730 1776
Leinguez Leynguez Leingué Linguéz Leingués Linguez
Village de Leingwe, vue Ouest, soirée, Hervé Quéré licence CC BY SA

Carte de Cassini  : Linguez / Sur le cadastre de 1813 : Lingue / cadastre actuel : Linguez On peut interpréter ce nom en Lein-gwez (en 1601 : Leinguez), formé de lein, la hauteur et de gwez, les arbres, et le nom pourrait donc évoquer un relief et sa végétation. La prononciation des habitants fait penser plutôt à gouez, sauvage (prononcé “gouin"). Le village est situé en contrebas d'une des sources de la rivière dite "de Gwaremmig", l'autre étant située sous Rokinac'h. Cette situation peut faire penser aussi à lenn (= étang), cité par des habitants du village. En effet, le chemin qui longe ce vallon vers les landes du Tuchenn-Kador (une partie du "Chemin du Comte" en fait) traverse le ruisseau à un endroit qui ressemble fort à un petit étang ou à un grand lavoir (alors cela pourrait être lenn-gouez=le lavoir à lessive=lenn evit ober kouez). Mais ce ruisseau descendant de la colline (lein) est peut-être à l'origine du nom de ce village car "guez" est la correspondance graphique de "guoeth" , mot de vieux breton correspondant au "gwazh" du breton actuel (=ruisseau, Interprétation proposée par Pierre Hollocou et Jean Yves Plourin dans "Les noms de lieux et leur histoire" Emgleo Breiz 2006 ; voir aussi "Dictionnaire étymologique du breton" d'Albert Deshayes). Alors, ce serait "La colline au ruisseau", correspondant bien à la géographie du lieu.

NB : On trouve également le pluriel "gwezhoù" dans des noms de lieux

Proposition d'écriture en breton standard : Leingwezh

Écriture comme image de l'oral : léingwéz (comme en 1601 et 1730)

  • Roquinarc'h
1512 1540 1613 1628 1631 1659 1682 1730
Rochquynarch Rochguynarch Rochquinarch Roguinarch Rocguinarch Roquinarch Rocquinarch Rochqueinarch

Pour Roquinarc'h, est-ce qu'on a entendu roz (colline), ou roc'h (rok n'existe pas en breton). Pour la deuxième partie du nom, est-ce que l'on a entendu kignaj (épluchage pour tirer des mottes) ou keneac'h (tout en haut), très proche de kreac'h. Il n'est pas non plus exclu que l'officier qui a écrit le nom ait interprété ce qu'il entendait à sa façon, suivant qu'il comprenait le breton ou pas. D'autre part, on ne mettait pas d'apostrophe entre le c et le h. On peut avoir deux sens complètement différent suivant qu'on lit quinach (épluchage) ou quenac'h (tout en haut). Comment transcrire le son ac'h avec les habitudes de l'époque ? Il ne serait pas tellement étonnant que le r final de Roquinarc'h vienne transformer la prononciation du ach en ac'h (Voir Falc'hun1958, p419, créac'h-->créarc'h [11] Média:falc-hun-topo.jpg). Un non-bretonnant ne peut pas décider si ch vaut [χ] comme dans roch (roc'h = rocher) ou [ʃ] comme dans roched (= chemise) si on ne met pas d'apostrophe entre c et h. (Par exemple, dans le Catholicon 1499, on trouve "ch" dans les deux cas. Et aussi quenech: sus en hault)

La carte de Cassini (XVIIIème) indique Roquinarch (sans apostrophe entre le c et le h) Sur le cadastre de 1813 et l'actuel, on trouve Roquinarc'h. Roc'h est devenu ro. La terminaison "arc'h", valant sans doute "ac'h", a parfois conduit à une interprétation fantaisiste mêlant une arche à l'histoire.

D'autre part, il n'est pas du tout certain que le menhir, bien qu'il soit nommé roc'h (la parcelle s'appelle "Parc ar roc'h hir" = Champ de la roche longue), ait influencé ce nom de village (ce menhir a été décapité par la foudre en 1956). En fait, les noms de villages sont très souvent en rapport avec la disposition géographique de l'endroit. Il ne faut pas non plus oublier que ce sont les habitants vivant sur ce terroir _qui ressentent le terrain dans leurs déplacements et leur travaux_ et non des archéologues qui ont donné ce nom à l'endroit. On prête parfois le nom de "Roche du diable" à ce menhir. Mais quel menhir n'a pas reçu ce surnom ? On aimerait en connaître les sources, autres que celles qui figurent en commentaire de certaines cartes postales du siècle dernier (sur lesquelles on trouve aussi Roquimarc'h !).

Photo publiée par: http://www.kreizyarcheo.bzh/sites-archeologiques/sites-caracteristiques/menhir-de-rosquinarc-h source : DRAC

En tout cas, l'hypothèse de Bernard Tanguy, voyant ici un "Roc'h Kein marc'h" ne me semble pas tenable. Contrairement à l'idée qu'on peut se faire de ce secteur des Monts d'Arrée, le menez Kador (le fameux sommet en forme de kein marc'h = dos de cheval) ne fait pas partie du terroir de Roquinarc'h. Ce sont les ménez (pacages, mottes, bruyères) de Botkador (en Botmeur) et de Roudouderc'h (en Sizun) qui occupent les pentes du Tuchenn. Roquinarc'h est un aplat situé en haut d'une vallée perchée, la plus haute de St-Rivoal (à peu près à la même hauteur que le village de Stank an Hae), juste en contrebas du "col" entre Tuchen Kador et Tuchenn Mikêl, où l'affluent de la Rivoal (Stêr Gwaremmi) a une de ses sources, quasiment en face du menhir, de l'autre côté de la route départementale, l'autre étant au-dessus de Leingwez. Son ménez se trouvait entre les pentes de la montagne St-Michel (au nord-ouest) et le Yeun Ellez où les habitants s'approvisionnaient en tourbe jusque la moitié du XXème siècle (Voir récit de Marie Braz [12]). Voir la carte :[13]

Rokinac'h novembre 2013, par Hervé Quéré, licence CC BY SA

Ici, roz (coteau), raccourci en ro, correspondrait aussi à la situation du village, le plus élevé de la commune, à flanc de côteau en montant vers le "col" situé entre Tuchenn St-Mikêl et Tuchenn-Kador. On trouve de nombreux "roz" dans les documents cadastraux de Saint-Rivoal (par exemple en 1813 : Roz-ar-vern, ar Roz parc, Roz Penarguer...) et même un Rosquinarch (1934). L'écriture que l'on trouve actuellement sur le panneau indiquant le village a été proposée en tenant compte de ces réflexions (Bien que ce choix de Rokinac'h="le coteau tout en haut" ait été parfois contesté) mais ceci ouvre un autre débat : faut-il écrire les panneaux en suivant les transcriptions de l'administration, au détriment du sens bien souvent, ou , au contraire, essayer de refléter l'origine bretonne du mot ?

A noter aussi, une autre piste à explorer : "an ac'h" est une plante appeléée "grande ache" ou "persil de cheval". Ce nom apparaît parfois dans des noms de champ (à St-Rivoal : peut-être pas).

Village de Rokinac'h, juin 2012, par Hervé Quéré, licence CC BY SA


Les terres et les landes du village s'étirent au pied du Menez Sant-Mikêl et du Tuchenn Kador. Au début du 20ème, c'est la plus grosse agglomération de la paroisse après le bourg. Les habitants de Rokinac'h avaient aussi des parcelles dans le Yeun pour extraire de la tourbe, comme le raconte Marie Le Bras [[14]].

Jusqu'à la Révolution, ces villages dépendent de l'abbaye du Relec, en Plounéour-Ménez, qui a encouragé le peuplement et la mise en valeur des terres de l'Arrée grâce au régime de la Quévaise. Ainsi, il existait deux quévaises à Rokinarc'h, une à Kernevez et une à Linguez.

Proposition d'écriture en breton standard : Rokinac'h, Roc'h-Kinac'h, son [15]

Sources : Jean Le Crann : “Une société rurale dans la Montagne d'Arrée” -Mémoire de maîtrise -1970 | Leur ar C'horneg : bulletin numéro 7-1996 | Dictionnaire topographique du Finistère par Albert Deshayes



Lost ar C'hoad, Stumenven, Stangannay

Lost-ar-c'hoad by Hervé Quéré, licence CC-BY-SA

Lost-ar-hôd, Steumeunenn, Stank-an-ne

On pourra être surpris de l'orthographe des trois quartiers cités en titre. Pourtant c'est la graphie que Jean Le Crann proposait dans son mémoire sur Saint-Rivoal, après avoir écouté les habitants parler de leur environnement. En effet, en bon enquêteur, il avait préféré transcrire les noms comme il les entendait plutôt que de choisir les noms utilisés sur le cadastre et autres plans officiels.

  • Commençons par le plus facile : Lost-ar-hôd = Le bout du bois. Actuellement on trouve sur les panneaux indicateurs Lost-ar-c'hoad ; c'est la transcription en breton unifié actuellemnt utilisé par la grande partie des publications en langue bretonne. Cependant le choix de J.Le Crann était judicieux car on entend peu le “a” de “koad” à St Rivoal (comme pour troad=pied, prononcé “trôd”). Le cadastre indique Lost-ar-hoad, avec juste un “h” pour le son “c'h”, préférant en cela l'écriture proposée par l'Université de Brest. La carte de Cassini, faite sous l'Ancien Régime, indique Lost ar chouat.

Françoise Cariou, habitante du quartier faisait le lien avec Penn-ar-c'hoad. Effectivement le “menez” de Penn-ar-c'hoad vient jusqu'aux limites de St-Rivoal près de Stangannay : la “tête” du bois serait sur Brasparts et la “queue” sur Saint-Rivoal !

Plus probablement, Lost-ar-c'hoad est le bout (la fin) du bois de la vallée de Bodenna situé en amont et appelé "Ar c'hoad" (source:cadastre).

1682 171
Losancoat Lostarcoat

Proposition d'écriture en breton standard : Lost ar C'hoad

Écriture comme image de l'oral : Lostahoad


Roc'h-al-laeron_Joncour

Le rocher de Roc'h-al-laeron (La caverne des brigands, selon F.Joncour) se trouve entre Lost-ar-C'hoad et Stumenven, au bord de la rivière de Bodenna. Les rochers au premier plan sont masqués actuellement par les plantations de résineux à droite de l'image (en couleur ci-dessous, état 2011). La photo de F.Joncour montre l'autre façade, actuellement impossible à photographier à cause de sapins plantés dans les années 1960_70 et de la végétation naturelle qui prospère car ce site ne connaît aucune fréquentation humaine (à l'exception des coupes rases de sapins côté Stumenven).

Au fond, les landes de Bodenna en contrebas de la station de stockage du réseau communal d'eau potable. Roc'h-al-laeron se trouve plein-sud, à travers la lande, par rapport à ce réservoir. La carte [16]

Roc'h-al-laeron
Roc'h-al-laeron
Stumenven et Stank-an-ne, vus de St-Michel, by Hervé Quéré, licence CC-BY-SA-NC
  • Passons au suivant : Stumenven.

Stumenguen en 1630, Stumenven sur la carte de Cassini, Steumenven sur le cadastre de 1813 et Stumenven sur l'actuel. Écriture qui fait interpréter le sens du nom en : stum=hauteur (-->Voir citation extraite de KerOfis [17] : "Stumm a le sens de forme et désigne également un coude de rivière, un méandre, mais parfois aussi une hauteur"), men=mein=pierres, ven=wenn=blanche (la mutation gwenn-->wenn n'est pas d'origine et ne correspond pas aux règles), ce qui a fait penser à un ancien site romain, du fait que les murs des romains étaient bâtis à la chaux et donc blancs. Des traces auraient été trouvées dans une parcelle près du village (pc ar hostier). C'est l'interprétation qui a eu historiquement le plus de succès (due à l'évocation d'un camp romain), à moins que l'on ait tout simplement affaire à un endroit où l'on pouvait trouver quantité de pierres de quartzite blanches.

Pourtant, les saint-rivoaliens prononcent “Steu” (conformément au cadastre napoléonien) et non “Stu”, ce qui peut faire penser à “steud', alignement (longère ? murs ?), et “meunenn” ou meunuenn (et non “menven”), dont le sens n'est pas évident. Sans doute "méné-gwenn" (montagne ou lande blanche) ? Il y a une parcelle nommée "menez lann gwen ivin"=lande à ajoncs blancs nains (ou appartenant à quelqu'un nommé Ivin #cadastre 1934 : C 789) à proximité de l'ancien site situé dans "Parc ar hostier" =Champ des maisons anciennes (cadastre 1934 : C 801). De plus, la tradition orale utilise plutôt "men" ou "min" pour "menez". L'adjectif "gwenn" est souvent attribué à un lieu sacré ou un lieu de culte. Il y en a beaucoup en Bretagne (dont un à Pleyben). Ici, il s'agit d'une hauteur rocheuse, mais cela s'applique aussi à une source dont l'eau est réputée pure, donc propice à des pratiques rituelles. C'est assez plausible, car l'ancien site de Stumenven (pc ar hostier, cadastre 1813 : 905P) est installé près d'une source importante.

En se focalisant sur l'aspect matériel (et non religieux ou spirituel), on peut aussi supposer une extension des caractéristiques du site romain (le blanc de la chaux) à tout le menez de Stumenguen.

Si on garde la prononciation stu, cette partie du nom correspond peut-être à stuz (assolement, terre défrichée) qui pourrait désigner une parcelle située sur les pentes du Menez gwenn que l'on pouvait apercevoir de loin, au temps des défrichements des landes. (Voir photo de situation ci-dessus, à imaginer sans les plantations de résineux qui ont remplacé la lande)

Alors, on reprend Stu+men+gwenn (men pour menez), on trouve la prononciation d'origine Stumenguen en cours au XVIIème siècle.

1630 1682
Stumenguen Stumenven

Proposition d'écriture en breton standard : Stumengwenn, transcription de l'écriture de 1630 suivant les standards du breton moderne.

Écriture comme image de l'oral : Stumenngwen

En annexe, un poème publié en 1922, [18], en breton d'Ivonig Picard [19], observant St-Rivoal depuis Stumenven.(traduction personnelle)



  • Enfin Stangannay, site habité (ou habité à nouveau) depuis relativement peu de temps car on ne trouve ce nom, ni sur le vieux cadastre (1813), ni sur la carte de Cassini. L'écriture officielle fait penser à stang=vallée, an Nay= le nom de quelqu'un qui s'appelait “Nay”. D'autres propositions ont été faites, par exemple par Françoise Gestin qui a étudié l'histoire de l'établissement de la population sur St Rivoal : comme l'occupation de ce secteur semble assez récente, elle propose stang=enclos, nay=ne, prononciation courte de “nevez”, des enclos nouveaux donc. En effet,la visite du site ou l'étude de la carte IGN avec ses lignes de niveau montrent qu'il y a bien là une “vallée d'en haut” donnant sur la commune de Brasparts vers Penn-ar-c'hoad et le Leure, alors “Stang-an-ne” vaudrait peut-être Stang an nec'h=la vallée d'en haut.


Plus conforme à l'écriture ancienne (1630) et de façon plus sûre, "an ne" vaut plutôt "an hay" _le 2ème n de "annay" étant en fait un h mal transcrit dans le cadastre, francisation de "an c'hae" (de kae=talus, haie, clôture).


Stang (ou stank) peut aussi désigner un lavoir ou un étang de rouissage de lin ou de chanvre dont on peut apercevoir les traces au bord du petit chemin de terre qui mène directement de la route départementale jusqu'au village, pas très loin du chemin qui mène au Mont St Michel de l'autre côté de la route. On trouve aussi à cet endroit un alignement de 5 ou 6 pierres blanches de 0,80m de hauteur environ, enfouies dans un talus, encore une évocation de "Steumenven", à moins qu'elles ne fassent partie de ce fameux "talus défensif" ?

1630 1682
Stanganhay Stangenhay

Proposition d'écriture en breton standard : Stank-an-Hae, Stanganhae

Écriture comme image de l'oral : Stanganhay


sources : P. Trepos / Enquêtes sur le vocabulaire breton de la ferme / http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391x_1960_num_67_4_2113#, p330 et Dictionnaire étymologique du moyen breton par Émile Ernault (1887), p386, recherche sur "stuz" |

http://www.ofis-bzh.org/, recherche sur "an hae"


Kergombou, Goas al Ludu, Penn ar Favot

Toponymie de trois villages du “Gouel” (Le bas de Saint-Rivoal, par opposition au “Gorre” : le dessus)

Kergombou

Kergombou vue Ouest, Hervé Quéré licence CC BY SA
  • Différentes graphie du nom du village | 1630 : Kergombou | Carte de Cassini : Kergombou | Cadastre actuel : Kergombou | Panneau : Kergomboù (L'accent sur le u signale un pluriel)/ Cadastre napoléonien : Kbarrégombou

(Un petit renseignement concernant le K barré, symbole de “Kêr”. Son interdiction dans les documents officiels émane du Ministre de la Marine et des Colonies, à destination des Autorités Maritimes, en date du 19 avril 1881: « Interdiction du ķ, pour l'orthographe des noms propres dans la correspondance officielle » [...] Ce mode de procéder pouvant entraîner une confusion et rendre plus difficiles les recherches dans les répertoires, tables alphabétiques, archives, ... J'ai décidé qu'il ne serait plus fait usage du ķ dans aucune correspondance officielle, matricules, livrets, documents périodiques etc [...] Le Ministre de la Marine et des Colonies Cloué. (Bulletin Officiel de la Marine 1880-1883 Tome 13) [source : An Drouizig [20] qui propose une police de caractères KELT UNICODE pour le transcrire sur ordinateur])


Nombre d'habitants en 1846 : 53 dans 9 fermes de 2,23 ha (en moyenne) cultivables Nombre d'habitants en 1931 : 37 dans 9 fermes de 4 ha (en moyenne) cultivables altitude : 145m

La prononciation de ce nom balance entre “Kergombou” et “Kergoummou”. On y reconnaît le préfixe Kêr que l'on trouve dans des milliers de noms de villages en Bretagne. Il signale une ferme créée au cours des défrichements du XIIième siècle (désignée par kaer à l'origine, quand elle était fortifiée). La seconde partie du nom, “goummoù” ou “gommoù” peut être issu par mutation de komm, pluriel ”kommoù”, signifiant auge.

  • Dans le premier cas (des auges), une activité de foulage de la laine existait à cette époque et les noms de parcelles “Liorzh an toker” (=courtil du chapelier) , et “Liorzh ar c'houmig” =courtil du petit fouleur, ou de la petite auge, ou de quelqu'un nommé "Koum" (nom rapporté oralement par des habitants du village, correspondant à la parcelle 963C du cadastre de 1813, 291D de l'actuel, Liorz ar c'hourté ou Liorz ar hourtil) rappelleraient un artisanat de feutrage de la laine pour faire des chapeaux, d'autant qu'un petit ruisseau saisonnier, indispensable à cette industrie, traverse le village près de ces courtils. D'autres noms de parcelles “liorzh kanab”, “park rouzi lin”, “gwach al lin” sont liés à la transformation du lin ou du chanvre. Cette hypothèse est plausible car on trouve par exemple un "Milin-gomm" (=moulin à foulon) à Landudec.
  • La forme "komb"(=vallée) est peu probable car le mot "komb" issu du gaulois "cumba" n'est pas attestée en breton anciennement (d'après H. Gwegen, OPAB).
  • Une piste à creuser, proposée par Herve Gwegen [21], inspirée par la graphie "Kergombout" de 1765 : peut-être qu'après Kêr on a affaire à "-gombout" forme mutée de "kombo(u)d", avec le sens de lot de terre, compartiment, section de paroisse, circonscription territoriale, voire quartier mais aussi terrasse. Or le Kergombou ancien semble construit autour de liorzhoù (=courtils, jardins) en terrasses justement. Ce mot est attesté dans plusieurs toponymes bretons. Il est connu également comme patronyme (nom de famille "Combot").
Marcel-querre KCombo-1959 r300.JPG

Une pierre tombale au nom de Marcel Querré, habitant de KCombo, +1859, (visible à l'écomusée) pourrait renforcer cette hypothèse.

Ici, une image (à St-Goazec) proposée par l'OPAB allant dans le même sens. [22]

  • Autre hypothèse qui mérite attention : M. Rannou de Penn-ar-gêr nous apprend qu'une vallée se dit "kamboullenn", nom que l'on retrouve à Saint-Ségal dans le nom de village "kampoull". On entend parfois prononcer "Kergambou" pour le nom que nous étudions ici, pas très loin d'un supposé "Kergamboull".

Proposition d'écriture en breton standard : Kergombou

Sur la photo, on aperçoit les rochers qui dominent Kergombou : Roc'h-ar-Garreg (karreg=rocher), dont le plus imposant est Roc'h-tal (=le rocher-frontal) [23], visible du bourg, suivi de Roc'h-ruzigoù (= le rocher à glissades) [24]. Roc'h-Beg-hir est au fond à gauche(=rocher en long bec). Une vue rapprochée ici : [25].










Goas-al-Ludu

gwazh-al-Ludu, vue Ouest, Hervé Quéré licence CC BY SA
  • 1682 : Goasanludu (à l'époque l'article "al" se disait "an"), Cassini : le nom n'y apparaît pas / Cadastre actuel : Goas-al-ludu / Cadastre napoléonien : le nom n'y apparaît pas / Lieu non habité en 1813, mais apparaît comme habité en 1841 / Jean Le Crann : Gwaz al ludu / Panneau : Gwazh al ludu

Altitude : 240m / Nombre d'habitants en 1846 : 5 / Nombre d'habitants en 1931: 7 dans 1 ferme de 7 ha cultivables

  • Le nom se rapproche de celui d'une parcelle située en face de la route qui descend à Kergombou : “Gwazh al lin” qu'on a évoqué plus haut au sujet de Kergombou. “Gwazh” (écriture en breton unifié) désigne un petit ruisseau. Il se prononce souvent “gwach” . L'eau provient d'une source, nommée Feuntenn-Gozh, située dans les landes au-dessus de la route. Le village a été abandonné pendant une partie du XIXème siècle. La deuxième partie du nom “al ludu” (= les cendres) ferait penser à la technique du défrichement par écobuage (brûlage de mottes), ou alors à l'usage qui consistait à bouillir la lessive avec de la cendre (moins probable).

On ne peut pas exclure non plus "Al Ludu" comme surnom (un charbonnier exerçant dans ce secteur, par exemple).

Proposition d'écriture en breton standard : Gwazh al Ludu

Du Garreg jusqu'au Roc'h-Vras de Pennafavod, Hervé Quéré licence CC BY SA

Penn-ar-favod

1682 1684 1704 1704 1711 1713 1712
Penanfavet Penafavet Penanfavot Penafavec Penarfavet Penanfaouet Pennafaouët

Cassini : Pennafaot | Cadastre actuel : Pen-ar-Favot | Cadastre napoléonien : Pen ar faod | Jean Le Crann : Penn ar Faoued | Altitude : 240m | Panneau : Penn ar favod

Nombre d'habitants en 1846 : 26 dans 3 fermes de 5,43 ha (en moyenne) cultivables / Nombre d'habitants en 1931 : 15 dans 3 fermes de 5 ha (en moyenne) cultivables

  • Le nom du lieu est évidemment à relier à celui du village de la vallée située en contrebas : Le Favot, nommé “Le Favedou” sur la carte de Cassini. Ici, c'est donc "Le bout de la hêtraie", vu la forêt qui s'étend depuis le Nivot jusqu'au versant de Penn-ar-Favot. Cet espace est également le lieu où se passe l'action de « Kontadenn ar Gorrikez » (conte de la Korrigane), entre Penn-ar-roc'hig et Toull-an diaoul, conte traditionnel encore connu de Jeanne Mao, repris en 2006 par les élèves de l'école bilingue pour une pièce de théâtre dans le cadre de « Treizherien sonjoù » (Mise en scène : Goulc'han Kervella).

Proposition d'écriture en breton standard : Penn ar Faved, comme à l'origine (1600~1700), le o apparaît tardivement à la place du e. L'intérêt de remettre un e à la place du o actuel, en plus d'être plus proche du nom d'origine, est de permettre une compréhension immédiate et juste (=Le bout de la hêtraie et non Le bout du champ à fèves) en barrant le chemin à des interprétations douteuses, par exemple favod=faout=fente, ou encore fav-aod=rivage aux fèves.

Écriture comme image de l'oral : Pennafaoed, Pennafaved

  • Jusqu'à 1992 environ (?), Penn-ar-favod était alimentée en eau par une canalisation raccordée à un puits situé dans la parcelle verte (lande défrichée) qu'on voit sur le plateau : Feuntenn-an-ebeul. Le village a ensuite été alimenté par un forage situé dans le quartier pendant une dizaine d'années avant d'être relié au réseau communal à partir de Kergombou.
  • D'autres gros rochers sont éparpillés le long du chemin entre Penn-ar-Favod et Gwazh-al-ludu (photo ci-dessus): Roc'h-Mouilheg et sa fontaine, Roc'h-vras, énormes rochers visibles de l'autre côté de la vallée et Roc'h-Boull, rocher couché, plus bas vers la rivière, là où le chemin bifurque en direction du Favod. Tout près du village, un mystérieux "Roc'h-mamm-an-oc'h" (Rocher de la mère des cochons"), garde son secret.
  • Du temps où le téléphone n'existait pas, les habitants de Penn-ar-favod communiquaient lors des grands travaux d'été, avec leur parenté de Killi-vihan, par un signal fait d'un drap blanc. En effet le village de Penn-ar-favod se voit bien de Killi-vihan comme le montre la photo ci-dessous, prise du carrefour de Killi Vihan/route de Brasparts).

Sources : Joseph Pichon, Françoise Gestin (Rapport2, p34)| témoignage oral de J. Mao, J. et R. Bronnec, S. Retty, M. Rannou

Pennafavod vu de Killi-vihan, Hervé Quéré licence CC BY SA



Les moulins

Extrait du cadastre de 1813, Archives du Finistère
Extrait du cadastre de 1813

Mill an Nec'h : Le moulin d'en haut, par opposition évidemment au Moulin-d'en-bas situé plus bas sur la rivière. Ce moulin était appelé le moulin du Relec du temps de sa dépendance à l'Abbaye du même nom en Plounéour-Menez, alimenté par la rivière de Bodenna. Le moulin situé aujourd'hui en contrebas de la route n'a pas été vu en fonctionnement par les anciens de St-Rivoal mais il fonctionnait avec des roues horizontales à cuillers. Après son acquisition par la département en 1969, cette bâtisse était couramment désignée comme « La maison des abeilles » par le Parc d'Armorique, projet qui n'a jamais été réalisé. Il y avait une réserve d'eau (et il y a toujours) au bout du gîte situé de l'autre côté de la route ? Sur le cadastre de 1813 on aperçoit aussi la trace d'un étang sur la rivière en aval de Lost-ar-c'hoad, là où le bief commence. Cette maison a été reconstruite sur l'emplacement d'un autre moulin (qui fonctionnait avec une grande roue verticale à auges) par le beau-frère de Jean Le Crann (père) : Mr Pétillon. D'après Jean Le Crann père, les mécanismes ont été démontés et revendus dans le Nord de la France.

Habitants en 1846 : 6 / Habitants en 1931 : 11 / altitude : 160 m / Ancien régime : moulin du Rellec / Cadastre de 1813 : Moulin de St-Rivoal / Cadastre actuel : Moulin de St-Rivoal /


Ar Vill Nevez : Le moulin neuf, parfois nommé aussi Moulin-Prat-Simon.

canal d'amenée d'eau souterrain, Hervé Quéré licence CC BY SA,Hervé Quéré licence CC BY SA
canal d'amenée d'eau souterrain, Hervé Quéré licence CC BY SA,Hervé Quéré licence CC BY SA

Il n'a pas été très longtemps en fonctionnement car il venait facilement à manquer d'eau (Il est abandonné depuis 1901). On peut noter que « ar veilh » désigne désigne la paire de meules et par extension le moulin (~ar vilin), « ar maen-meilh » valant l'une ou l'autre meule (en pierre bien sûr). D'après la forme des bâtiments que l'on peut encore observer, il était adapté à une roue horizontale à cuillers également. La parcelle située entre la rivière et le bief s'appelait « An Enezenn » (= L'île).

Habitants en 1846 : 6 / Habitants en 1931 : 6 / altitude : 155 m / Cadastre de 1813 : Moulin neuf / Cadastre actuel : Moulin neuf /


Mill an Traoñ : Le moulin d'en bas.

Meilh-an -Traoñ, Hervé Quéré licence CC BY SA

Ce moulin est alimenté par la rivière de Bodenna qui passe en fait par le bief mais il captait aussi une partie de la rivière de Gwaremmi (venant par Pont-ar-varn). Il recevait donc plus d'eau que les deux moulins cités plus haut. Après guerre, une turbine de production électrique y avait été installée pour alimenter la scierie mais la puissance n'était pas toujours au rendez-vous car les besoins de la scierie sont allés en augmentant à partir du moment où on a commencé à construire des hangars agricoles. Ce site, souvent désigné comme « le moulin de Kergombou » a été très longtemps tenu par les familles Martin et Mignon entre le milieu du XIXème siècle et le milieu du XXème siècle. Bien qu'habité, il n'y a plus eu de meunier en activité dans ce village après 1926.

Altitude : 148 m / Habitants en 1846 : 11 / Habitants en 1931 : 7 / Documents du XVIII et XIX : Moulin d'an traoñ / Cadastre actuel : Moulin-d'en-bas / Panneau actuel : Meilh- an- traoñ


Mill Pont Glas : Le moulin du pont bleu.

Le pont sur la rivière était constituée de deux ou trois grosses plaques de schiste bleu jusqu'à une époque récente. L'endroit est connu également sous le nom de Meilh-an-hañv : le moulin de l'été. Ce nom est probablement une dérive abusive, inspirée par l'exposition de l'endroit en plein-sud, du nom d'une famille attestée dans ce village au XVIIème siècle et XVIIIème siècle : Le Hanff. Le Hanff était la transcription d'un nom qu'on écrirait en breton moderne : an Henañ (=l'Aîné). Le nom de famille Hénaff a la même origine. L'appellation Meilh-an-hañ serait donc plus appropriée. Vallée du Rivoal 1930, premier plan Pennnaguer (Park ar rouz, moisson _savadennoù), au fond Vallée du Nivot, à droite Menez Astach

Le mot mill, traditionnel à St-Rivoal (=moulin) a progressivemnt glissé vers meilh, prononciation cornouaillaise du fait de l'installation dans les années 1950 de meuniers venant du côté de Briec & Edern, comme Jean le Crann [[26]]. Ar Vill-all se dit encore du Moulin du Glujou (commune de Lopérec, en limite de St-Rivoal, rive droite de la rivière).

Ce moulin bénéficiait de l'eau de la Rivoal mais aussi de celle de la rivière du Glujoù dont le canal d'arrivée passait au bout de la maison d'habitation (la maison peinte en jaune actuellement) et passait sous la route. Ce site a été exploité dans le première moitié du XXème siècle par la famille Mével à laquelle appartient François Louis Mével, premier Maire de Saint-Rivoal en 1925. Le canal d'amenée d'eau du moulin du Glujeau (Ar Vill-all), situé en aval, sur la commune de Lopérec, démarre juste au pied du pont en pierres bleues justement.

Pont-Salun, Hervé Quéré licence CC BY SA

Altitude : 133 m / Habitants 1846 : 8 / Habitants en 1931 : 6 / Cadastre de 1813 : Mlin du Pont glas / Cadastre actuel : Moulin de Pont-glaz / Panneau actuel : Meilh-Pont-glas


Sources : Témoignage oral de Jean le Crann père | Françoise Gestin : Les documents cadastraux, Rapport2, p 57 | Joseph Pichon dans Leur ar C'horneg n°6, p11.




Exemple de Pont en "pierre bleue", partiellement écroulé, à l'entrée de Runheder, près de Pont-Gwazh-Laeron

...


Bodenna, Ti Béron, Bodingar

Bodenna et Bodingar ont en commun la première partie du nom : « bod ». Ce mot qui peut aussi désigner « buisson » ou « bouquet » a la valeur de « résidence » dans ce cas (c'est une des formes les plus anciennes pour désigner un établissement de population, souvent avant le Xème siècle). Il a le même sens de l'autre côté de la Manche, en Cornouaille britannique, où l'on trouve une grande quantité de « Bod » et même des noms assez proches des deux cités plus haut comme Bodanna ou Bodinnar. De même, le nom de famille Bodenna n'est pas rare en Grande Bretagne et, par l'effet de l'émigration, aux USA. La graphie du mot n'a pas tellement varié depuis 300 ans, car on trouve Botenna en 1646, Botdenna en 1713 : probablement la demeure d'une famille Enna dérivant sans doute de Henañ (= l'aîné). On peut aussi penser à la demeure "la plus ancienne".

  • Bodenna
1646 1653 1662 1682 1693 1713
Botenna Bodonna Botonna Bodenna Bodena Botdenna
Bodenna, 22 novembre 2013. En haut : Tibéron, par Hervé Quéré, licence CC BY SA

Propriété de l'abbaye cistercienne du Relec à Plounéour-Ménez sous l'Ancien régime, Bodenna semble avoir été un village assez important dans l'histoire de Saint-Rivoal. En effet, le chemin dit « de Brasparts à Saint-Pol-de Léon » passe dans le village avant de rejoindre Kernevez puis Roudouderc'h. Ce chemin, emprunté par les pélerins du « Tro Breizh » mais aussi par les gens qui allaient vendre leurs vaches à la foire de Commana, passait à gué à Bodenna (un peu en amont du village, il y a une passerelle maintenant). Il rejoignait la Croix de Gernevez puis Roudouderc'h où il passait l'Elorn aussi à gué pour remonter vers Kroaz-Melar en Commana. Ce chemin recoupe le Chemin du Comte à Leingwe, chemin de délimitation entre Léon et Cornouaille, mais également route de pélerinage vers Rumengol.

Bodenna avait même son "fort" si l'on en croit le photographe François Joncour (1871-1946) de Brasparts : il est situé dans la vallée, en contrebas du village. C'est une roche nommée "ar roc'h" avec une petite esplanade devant (en haut) et un fossé côté Est. Le cadre a bien changé depuis 100 ans : ce qui était une prairie fauchée le long de la rivière est maintenant un bois.

Rocher de Bodenna , surnommé "le fort de Bodenna" par François Joncour qui l'a photographié et publié en carte postale.
Joncour Le fort de Bodenna-r600.jpg

L'agriculture 1846 : 10 fermes de 3,19 ha labourables | 1931 : 12 fermes de 6,44ha labourables La population 1841 : 63 | 1906 : 68

Proposition d'écriture en breton standard : Bodenna, Bodhena

Écriture comme image de l'oral (d'après J. le Crann): Boudenna









  • Ti-Beron : la maison de Péron

Quelques graphies à travers les époques 1653 : Ty Pezron | Carte de cassini : Pas indiqué | Cadastre 1813 : Ty Peron | Cadastre actuel : Ty-Béron | Carte IGN : Ti Béron

Le nom ancien du village semble être Ty Pezron Goas Feuntun Floch, lieu qui figure ainsi dans les archives du Notaire Michel Cozic de Brasparts (ADE in 4E 32/16,31 mai1747).

Le prénom Pezron est usité au XVIIème siècle : on le trouve notamment dans la généalogie ascendante de la famille Cornec : Yvon Cornec, puis Hierosme, puis Pezron.

Proposition d'écriture en breton standard : Ti-Beron Écriture comme image de l'oral : Tibéron

  • Bodingar
1556 1571 1630 1644 1658 1668 1704
Botengar Botdengar Botangar Bodengar Bothengar Bodenguar Botdengar
Bodeñgar-Bras, vue ouest, par Hervé Quéré, licence CC BY SA

Pour Bodingar, on trouve également Botengar en 1556 et Botdengar en 1704. Si on applique la même logique qu'à Bodenna, on obtient : la demeure d'une famille Eñgar, dérivant peut-être de en-gar, (=de la parentèle, à rapprocher de tud-kar).

Plus probablement il s'agit d'une dérive de "Bod-hen-kêr" --> "Bod-hen-gêr" : la demeure du village ancien. Le mot de vieux breton "hen" apparaît très souvent en toponymie. Par exemple, On trouve aussi un "Hen-koad"-->"Hen-goad" juste à côté, à Saint-Cadou et de nombreux "Hen-gêr" (orthographié Henguer) en pays bretonnant.

Voir les origines selon Camille Vallaux : Media:Camille-Vallaux110-color2.jpg ou [27]). Attention, ce n'est pas parce que La Commanderie de La Feuillée y avait une possession (probablement quévaise) en 1685 qu'on peut pour autant les considérer comme les "fondateurs" de ce village, comme on le voit écrit parfois.


L'agriculture 1846 : 8 fermes de 3,38ha labourables | 1931 : 12 fermes de 3,75ha labourables La population 1841 : 41 | 1906 : 45

Bodeñgar-Bihan vu de keranna. par Hervé Quéré License CC BY SA

Proposition d'écriture en breton standard : Bodeñgar prononcé [Bodɛ̃gar], avec un "e" et non pas un "i" pour faire le lien entre les graphies anciennes et la prononciation, ou Bodengar.

Peut-être plus juste et en cours en 1658 (avec un h), mais moins susceptible d'être accepté : 'Bodhengar

Écriture comme image de l'oral : Bodingar

Il faut noter que Bodengar comporte trois sites : Bodengar Bihan, Bodengar/arGêr-all, Bodengar Bras. La tradition semble montrer que Bras et bihan s'accorde avec Bod qui est masculin (comme à Botmeur, Botbian et bien d'autres sites).

Sources: chiffres de population compilées par Françoise Gestin dans Etudes cadastrales, voir introduction de cette étude : Les documents cadastraux



Goarimic, Penn ar Goarimic

Gwaremmig, vue Ouest, automne 2013, par Hervé Quéré, licence CC BY SA

Le nom du premier village, noté « Goaremic » en 1648, « ar Goarianic » sur le cadastre de 1813 signifie « Petite garenne ». Pourquoi « petite » ? Gwaremmig est un peu un ilôt cultivé, situé entre Runheder (de l'autre côté de la rivière, au nord) et l'ancienne lande de "Lann ar groaz" (située entre l'ancien chemin de Roudouderc'h et la route de Bodenna), immenses espaces occupés par des bruyères, landes et pins. Il est possible que ce nom soit resté depuis le défrichement de la première garenne dans ce quartier. Normalement, on aurait « ar waremmig » (par mutation consonnantique) et non pas « ar gwaremmig » mais il était courant à l'époque de ne pas faire la mutation à l'écrit (on retrouve de nombreux "ar goarem" dans les anciens documents du Rellec.

Supposition : Un chemin creux assez important relie ce quartier à la rivière (environ 200 m). Sur la rive opposée (côté Runeder donc), on trouve des traces de constructions anciennes. Cela pourrait être le premier village qui se nommerait "Gwaremm" ou "Gwaremmi", la construction de Gwaremmig venant plus tard, il aurait été accollé du diminutif "ig". A vérifier...

Proposition d"écriture en breton standard : Gwaremmig

Écriture comme image de l'oral : Goarémic

Un extension un peu rapide de ce nom à un autre site a été faite quand le cadastre l'a fait apparaître aussi dans Pennargoarimic en 1813 et Pen-ar-Goarimic dans l'actuel. Est-ce que le secrétaire du Cadastre de 1813 n'aurait pas simplement été infuencé par les "Goarimic" répertoriés également à Hanvec et au Faou ? Car la carte de Cassini le note Penagouarimou, donc avec une pluriel normal (en breton) en « ou » : Le bout des garennes. Un pluriel double en « i » et « ou » à la fois apparaissait aussi en 1540 dans Penangoaremyou. De cette date jusqu'en 1730, toutes les dénominations ont une finale en « ou » et pas en « i » ou « ic » : Pengoazrenou (1641), Pengoaremou (1642), Penangoaremou (1643), Penagoaremou (1682), Penargoazrenou (1730)1.

Si le panneau annonçant le village devait être changé un jour, on aurait le choix entre : Penn-ar-Gwaremmoù, Penn-ar-Gwaremmioù, Penn-ar-Gwaremmi, à l'exclusion de Penn-ar-Goarimic. Ce village était une des huit quévaises que l'Abbaye du Relec avait à Saint-Rivoal : 3 au bourg, 1 à Leinguez, 1 à la Villeneuve, 2 à Roc'hquinarc'h, 1 à Pengoazrennou. 2

Proposition d'écriture en breton standard : Penn ar Gwaremmi; Penn ar Gwaremmoù

Écriture comme image de l'oral : Pénagoarémi, Pénagoarémou

Sources : Archives du Finistère | Albert Deshayes, DICTIONNAIRE TOPOGRAPHIQUE DU FINISTÈRE | Jeanne Laurent, "La quévaise"



Pont-ar-Varn

License CC SA NC BY Hervé Quéré,Pont-ar-Varn en automne

Comme on peut le constater sur le cadastre de 1813, l'existence de Pont-ar-Varn (prononcé Ponnavarn) en tant que village est assez récente, aucune maison n'y étant présente à cette époque. Bien plus tard, on y recense 3 habitants en 1931, une douzaine dans les années 70 et 80. Cependant le nom du lieu devait être utilisé avant. Peut-être n'était-ce qu'un endroit où on lavait le linge dans la rivière car, à Saint-Rivoal, le mot « Pont » désigne également les pierres plates en schiste que l'on disposait comme support le long d'un plan d'eau pour laver le linge, et pas forcément un pont. En effet, le pont actuel n'existait pas sur le plan de 1813. Il n'a été construit qu'en 1914. La route carrossable venant des villages du Koste-Kerain n'existait pas non plus. Elle n'a été construite qu'en 1912. Alors comment faisaient les gens de Penn-ar-Gêr ou Bodeñgar pour rejoindre le bourg ? (Et notamment les enfants, en hiver. Le 7 mars 1878, M. Pouliquen, instituteur, écrit au préfet : "J'ai l'honneur de vous faire savoir que l'on déserte l'école et cela faute d'un local convenable et d'un pont à piétons sur une rivière qui sépare une partie de la paroisse du bourg".) Ceux de Penn-ar-Gêr passaient dans doute par Mill-an-Traoñ (Il y avait un pont près du moulin). Ceux de Bodeñgar probablement à pied par la route de Lann-ar-Marroù qui surplombe en fait Pont-ar-Varn (on le voit bien sur la carte), ils descendaient par un chemin très raide vers la rivière où ils traversaient sans doute à gué ou un petit pont de bois. En fait, le chemin de Pont-ar-Varn permettait la communication avec Saint-Cadou et non Le Faou comme aujourd'hui.

Extrait du cadastre napoléonien, Archives du Finistère

On peut penser que le nom de Pont-ar-Varn est équivalent à Pont-ar-Vern ou Pont-ar-Wern : le Pont du Marais. Effectivement on est là à l'entrée des marais de Poulloù-Dueg, les fosses de la chose noire (pluriel : "duigou" ? nom de famille), situées à 200m en amont sur la rivière de Gwaremmig. C'est là que les habitants du bourg extrayaient le tourbe pour la cuisson dans le « pod-tri-trôd », le chaudron à trois pieds. On y a encore récemment extrait quelques mottes pour une animation proposée par l’Écomusée. Ce marais est surplombé du côté de Lann-ar-Marroù par une colline dont deux ou trois parcelles étaient nommées « Roz-ar-Vern », Le Coteau du Marais.

Il faut aussi envisager Ar Vern comme patronyme (nom de personne). La famille Le Guern (équivalent français de Ar Vern) est citée (au XVIIeme : Convenant Guern) dans les archives du Rellec.

D'autres origines ont été envisagées comme : Pont-ar-Varlen --> Pont-ar-varn (Voir les sources selon Françoise Gestin : Famille et parenté à St-Rivoal / Françoise Gestin ). "Ar varlenn" dans le sens de "margelle" est possible (dans le document cité, c'est "Ster an barlen", mais les mutations n'étaient pas transcrites à l'écrit à cette époque), peut-être la margelle d'un lavoir installé sur la rivière. Ur "varlenn-buñs" est un tablier de puits. On verra plus bas l'usage de "ur stêr-varlenn" : le tablier d'un lavoir de rivière. Pont-ar-varlenn serait une sorte de pléonasme en répétant pont et barlenn qui représentent le même objet : tablier ou margelle. On rencontre d'autres écritures proches comme : Pont ar varenn.

Autre interprétation proche de la précédente : D'après les récits de personnes encore vivantes (2014), une partie des habitants du bourg descendaient faire ses lessives à cet endroit tandis que d'autres allaient près de la fontaine-lavoir de Kêr-d'an-traoñ (l'eau de source était plus tiède en hiver). Coïncidence : ce dispositif de lessive est traditionnellement désigné par "ur pont-gwelc'hen" (un pont à laver) (source Marie Rannou penn-ar-gêr) situé sur une rivière à lessive (ur stêr-welc'hen) : est-ce que le fameux "Pont-ar-varlen" ne serait pas une interprétation de "Pont-ar-welc'hen" (origine, gwelc'hen, autre forme du verbe gwalc'hiñ=laver.

On trouve aussi dans Koulizh Kedez (mais à St-Coulitz), Yezh va zud, 2012, cette mention : "Dilhad fank da werc'hen", proche de welc'hen.

"Ar varlen" est aussi un nom de plante (famille de la verveine).

Peu probable : Pont-ar-Varn, le pont du jugement, de la magistrature.

Proposition d'écriture en breton standard : Pont ar Varn, "Pont ar varlenn"

Écriture comme image de l'oral : Ponavarn

*Les noms de lieux en caractères d'imprimerie ont été rajoutés sur l'ancien cadastre pour en faciliter le repérage *Sources : Archives départementales | Conseil général 29: service des routes | Sur les traces de François Joncour : Saint-Rivoal 1995 | Françoise Gestin_Ecomusée des Monts-d'Arrée, Famille et parenté

Kereol

Construite dans les années1930, cette maison est voisine du menhir de Rokinac'h. Kereol1934.JPG Kereol2016-2.jpg


Le nom est une composition récente de Kêr = ferme et heol = soleil. Le préfixe kêr fait habituellement référence à des installations du Moyen-âge. Ici, c'est un choix historiquement récent (La parcelle apparaît au cadastre comme jardin en 1939. Elle faisait partie d'une parcelle plus étendue avant). Media:Kereol-point.jpg

Proposition d'écriture en breton standard : Ker Heol

Ar Run

cadastre 1813
Gwaremmig, Ar Run Vihan, Tuchenn Mikël

Le côteau ou le champ sur le côteau

Situé en bordure de la route de Morlaix, ce lieu-dit est à vol d'oiseau très proche de Gwaremmig. La carte : [28]

La construction se trouve dans un pré bordé de landes qui se poursuivent jusqu'à la vallée haute de Kernevez-Leingwezh. Autrefois, ce pré était pâturé en été par un troupeau de vaches qui venait du bourg.

L'ancien chemin de Roudouderc'h passait à proximité et les enfants en empruntaient un tronçon pour aller à l'école à partir de Leingwezh, en passant par Pont-Salaün et An Dorgenn Vihan (Voir le récit de Jean Morvan [[29]].

Proposition d'écriture en breton standard : Ar Run Vihan

Kêr-Run n'est pas approprié. Les noms en Kêr sont des traces de créations anciennes de villages (Moyen-âge) et les préfixes en Ti ou Ty ont souvent été utilisés récemment pour des maisons de vacances.

Ty Sant-Mikêl

Suite à la vente par la commune de Brasparts, en 1838, d'un terrain de lande au sieur Caron Félix, entrepreneur à Brest, une auberge fut construite. A partir de 1858, beaucoup de ces communs ont été revendus par lots. A l'époque les habitants de Rokinac'h (Roquinarc'h) protestèrent car ils pensaient avoir un droit sur ces terrains. En fait, ces landes faisaient partie des communs attribués aux communes par la Révolution française, mais l'usage commun comme lieux de pacage ou d'extraction de la tourbe en était resté. Les habitants de Rokinac'h y ont encore extrait de la tourbe jusqu'au années 1930 au moins. Marie Bras née en 1926 à Rokinac'h nous a raconté comment elle aidait son père à extraire la tourbe [[30]]. L'emplacement de l'auberge avait été bien choisi : les convoyeurs de charrettes à tourbe pouvaient s'y abreuver, et faire boire leurs chevaux.

L'espace contenant la fontaine St-Michel avait été exclu de la vente (5 ares), l'accès en restait public.

carte postale François Joncour
vue 2012

Source : Saint Rivoal des origines à nos jours/2020/Michel Penven | Archives du Finistère

Proposition d'écriture en breton standard unifié : Ti Sant-Mikêl

A propos de Ti et Ty L'habitude d'écrire Ti avec un y (Ty), est probablement une influence des contraintes linguistiques de Grande-Bretagne, jugées sans doute plus "celtiques" que Ti. En fait Ti en anglais se prononcerait Taï, d'où l'obligation de mettre un Y du côté des grands-Bretons pour entendre un i. Le standard orthographique du breton n'a pas les mêmes règles, Ti se prononce Ti et y se prononce [j] comme dans Yeun.

Des lieux non habités

*Montagne Saint-Michel

cadastre

L’origine de l’ancien nom : La motte Cronon

Dans la littérature disponible, on a souvent rapproché «Cronon» du nom de quelques parcelles situées en bordure du chemin qui s’engage à partir des antennes de Rokinac’h vers le Mont. (distance antennes-->Mont = 1500m) Ces parcelles sont désignées comme Goarem Craonen, ou Craouen. (Voir le liseré noir sur le plan cadastral) Craonen pourrait être un endroit où il avait des noisetiers (kraoñ). Peut-être après tout, il n’est sans doute pas nécessaire d’appeler les dieux de la mythologie celtique à la rescousse dans ce cas. Il n'y a sans doute pas de lien entre le nom de cette parcelle et celui du Mont lui-même.

Autres pistes plus sérieuses : Krav=côte, montée ; krav-->ar c'hrav, kravenn-->ar gravenn, orthographié craouen dans le système orthographique du français (transposition de l'oral par mimétisme[31]), assez logique pour les habitants de Rokinac'h qui "exploitaient" ces landes (pâturage, tourbe, fauche de bruyère), ces landes sont en amont de Rokinac'h. La racine "kra" fait penser aussi à krag , kragenn, désignant la roche de grès, base géologique de ce terrain (autre exemple : les landes du kragou).

Peu probables : Kraou=crèche (ou espace délimité par des murs de pierre sèches pour regrouper les moutons, cf verbe "kraouiañ"=enfermer, en breton), Grouan=gravier, visibles dans le chemin qui va vers St-Michel en partant des antennes (mais ici on a du grès et pas du granit).

Plus simplement, Cronon est probablement une allusion à la forme plus ou moins ronde du mont. Cronon n’est pas loin de couronne ou "kurunenn" en breton (Saint Michel de Coronnon en 1676 [32]). En breton kranenn est un cylindre. La photo aérienne (voir plus bas) en fait apparaître la forme ovale.

Comme on le voit, les interprétations sont nombreuses sur le mot "Cronon", mais n'oublions pas le nom qui le précède : "motte". Ce mot désigne souvent un espace fortifié au sommet d'un monticule naturel ou artificiel, établissement défensif du Moyen-âge, basé sur une palissade en bois, avant l'apparition des châteaux en pierre (exemple du "Camp d'Arthus à Huelgoat).

St Michel, église de Brasparts

Saint-Michel : l’archange serait apparu la première fois en Italie du Sud au Monte Gargano vers l'an 490. Le culte s’est étendu à toute l’Europe et s’est souvent fixé sur des hauteurs isolées au milieu d’une plaine inhospitalière : St-Michel sur le mont Pirchiriano dans la région de Turin, St-Michel de Normandie au milieu des marais salants, St-Michael-Mount à la pointe de la Cornouaille britannique, Chapelle St-Michel Kervikael à Bréhat, sans compter de nombreuses autres chapelles en Bretagne (à Plouguerneau, Douarnenez pour les finistériens), ailleurs en France (par ex.Saint-Michel d'Aiguilhe [33] et même en Amérique [34] Appalaches [35].

carte postale CP-Gaby

A chaque fois, l’archange est invoqué pour protéger les habitants contre un environnement hostile. C’est sans doute lié au fait qu’il tient une lance ou une épée (qui est manquante sur la statue de l’église de Brasparts ci-contre). On peut imaginer que le culte s’est installé sur la motte qui servait à l’origine à des groupes armés chargés de surveiller et défendre le territoire (Il y avait du monde autrefois dans le secteur, l'alignement de menhirs de la Noce de pierres en est témoin).

Un excellent document (e brezhoneg &français) sur les anges, archanges, et St-Michel en particulier, ici : [36]

Un document d'interprétation (par philippe Guigon) de la présence de saint Michel [37] dans les îles bretonnes principalement, qui apporte un éclairage sur la présence de st Michel sur le continent aussi.

Depuis 1925, suite à la création d'une nouvelle commune par séparation d'avec Brasparts, le mont est sur le territoire de Saint-Rivoal. L'appellation Mont-St-Michel de Brasparts est donc obsolète, bien que les paroissiens de Brasparts continuent d'y animer un pardon.

La délibération du conseil municipal de Saint-Rivoal, le 28 janvier 1993, stipule qu’une convention sera signée entre la commune, le PNRA et le département. Dans le but de montrer le caractère Saint-Rivoalien du mont, le conseil demande que désormais tous les documents le concernant portent la mention : «Montagne Saint-Michel». La chapelle est actuellement propriété du département du Finistère. Récemment (2019,2020), le Conseil départemental a lancé une étude pour mieux gérer le flux touristique en intégrant des aspects culturels et géographiques. Cette étude est suivie par un comité de pilotage.

Proposition d'écriture en breton standard : Tuchenn Mikêl


*Runeder

Cette grande étendue pourrait correspondre au territoire de Rudheder cité dans le cartulaire de Landévennec comme possession de l'Abbaye vers l'an 1000 (D'après J. Loth, ce nom est composé de rud =rouge + heder). On peut se demander d'ailleurs si le nom de Roudouderc'h n'aurait pas un lien avec ce Rudheder également. Si on affaire à Run et non pas à Rud, on peut décomposer Runheder en Run=colline + heder=quelque chose à voir avec sa longueur (hed) ou quelqu'un nommé Heder. Dans des archives notariales de 1858, c'est le nom Annedern (le nom de quelqu'un nommé Édern ?) qui est cité dans les textes relatant la vente des communs, et pas An Eder.

Proposition d'écriture en breton standard :Runheder, Runedern

Écriture comme image de l'oral : Runeder

*Pont Salaün

Ce lieu-dit dont il ne reste quasiment plus de trace se trouvait entre Gwaremmi et Leingwezh, de l'autre côté de la rivière (du côté de Runheder donc). On peut encore y apercevoir quelques grosses pierres (de fondation ?). Le sentier des écoliers de Leingwezh au bourg passait par Pont-Salaün. Voir le témoignage de Jean Morvan : [[38]].

*Park ar Zont

Ce n'est probablement pas "Park ar Sant" = le champ du saint, mais peut-être "Park ar Saon" = le champ du vallon (Voir Godu & Trepos, document p 595, Media:Godu595.jpg [39]), qui correspond bien à sa situation géographique

Plus sûrement, "Park ar San"= la champ de la canalisation d'eau, (Lénition non écrite de S en Z --> prononcer Park ar zonn). Il existe au moins deux autres parcelles dans Saint-Rivoal dont le nom contient ar zant ou ar zont ; leur particularité tient au fait qu'elles sont longées par un fossé d'eau courante en hiver (pluie et sources). A Kergombou (Park ar zant), près du carrefour juste là où l'on quitte la route de Penn-ar-faved, et au bourg (Prat ar zont), le long du cimetière, à la bifurcation vers le chemin du Moulin neuf : même usage mais l'eau est actuellement canalisée par des grosses buses. "Ar zant" est très probalement Ar san (le canal, la conduite d'eau).

Bien qu'un tronçon de route porte son nom, il n'existe plus de trace de ce lieu-dit depuis quelques années mais son emplacement est resté dans la mémoire des habitants des quartiers voisins.Voir la carte OpenStreetMap pour le situer [40].

Cependant, il faut noter qu'au carrefour de la route de St-Cadou à Menez-Meur (donc tout au bout de ce chemin), il y a eu une construction, coté Hanvec. Elle a été faite par Charles Demolon, ingénieur agronome et propriétaire de Menez Meur vers 1860. Ce carrefour est connu comme Croas ar Voënnec (=carrefout de la prairie à foin) côté St-Rivoal (délib municipale 13/01/1935), comme Groas ar Voënnec côté Lopérec (cadastre 1813, voir image), comme Croas ar Woënnec côté Hanvec, et interprété comme Kroas ar Vroënneg (Carrefour aux joncs, conforme à la végétation naturelle de ce lieu humide) par Hervé le Menn, homme de lettres natif d'Hanvec, auteur de l'ouvrage Istor Hañveg.

cadastre napoléonien Lopérec

Quoi qu'il en soit, ce carrefour ne se situe pas strictement sur la commune de Sizun_St-Cadou mais sur celle de Lopérec.cadastre napoleon_Sizun

Pourquoi ce nom historique devient-il Croas Youennec plus tard, sans doute parce que le secrétaire du cadastre ne comprenait pas le breton et a transcrit à partir de l'oral, comme il pouvait, le nom d'origine. (On peut supposer que le V de Voënneg a été réécrit comme un Y, d'où Yoennec et la suite...) On retrouve cette dérive du nom sur les cartes IGN : Croas Oannec. Qui peut faire quelque chose pour redresser cette erreur historique ? Au moins la carte OpenStreetmap [41] affiche t-elle le nom de manière exacte.

Au sujet de Charles Demolon, sources : [42]

Proposition d'écriture en breton standard : Park ar San, Park ar Zan

Écriture comme image de l'oral : Parkazann, Parkazonn

*Corn Cam

La maison qui était située à ce carrefour n'existe plus[43]. Elle a été rachetée par le département et démontée sur demande de la commune qui ne pouvait pas supporter les frais de raccordement au réseau électrique notamment.

Korn-kamm-r950.jpg

C'était un lieu qui comptait du temps de l'exploitation de la tourbe dans le Yeun Elez.

Ce cadre a aussi servi de cadre à une nouvelle de Anatole le Braz. Dans le Yeun, récit de Noël,Laffont, Magie de la Bretagne, collection "bouquins"

Proposition d'écriture en breton standard : Korn Kamm